samedi, avril 17, 2010

Metro, Tokyo, Dodo (part 1)

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Les aventures d'un libraire en voyage à Tokyo (part 1)
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Dans une superette de Tokyo, je déambulle au milieu des rayons à la recherche d'un déodorant. A côté des marques occidentales conditionnées dans de grands vaporisateurs, je tombe sur un format de poche de provenance locale. De retour à l'hôtel, je teste le produit et -oh surprise désagréable- je découvre que je viens de m'asperger... d'une laque extra-forte à prise immédiate. Voilà pour l'anecdote qui en dit long sur la difficulté pour un "gaijin" (ou "personne étrangère au Japon") de s'aventurer dans un pays où, à de rares exceptions près, ni les détails des produits locaux ni même les textes des expositions ne sont traduits dans une langue occidentale. Bien loin de moi l'idée de critiquer ce fait et de tomber dans une forme détestable d'ethnocentrisme, il n'empêche que le voyageur doit s'attendre à se sentir un peu perdu. En débarquant à Tokyo avec ma compagne et un couple d'amis, j'avais misé sur ma connaissance (somme toute relative) du Pays du Soleil Levant que j'avais acquise depuis l'adolescence au travers d'abondantes lectures de mangas puis de ma passion pour le cinéma nippon pour évoluer ici avec une certaine aisance. Si les films de Yasujirô Ozu, Shôhei Imamura ou Shinya Tsukamoto m'avaient permis d'effleurer différents aspects de l'esprit japonais, je dus bien me rendre à l'évidence qu'un bon bagage culturel ne permet pas de dépasser la barrière de la langue... La maîtrise de l'anglais est ici chose peu courante et le mime (qui prend parfois des airs de théâtre Nô) devient le seul moyen de communiquer. Cela n'empêche les Japonais de s'adresser longuement à vous comme si vous saisissiez leurs propos. Consciencieux, ils vont expliqueront en effet dans leur langue et par le menu le contenu de tous les plats qu'ils vous servent, la façon de les accommoder et de les déguster. Après quelques minutes d'une logorrhée ininterrompue à laquelle nous ne comprennons goutte, nous hochons poliment de la tête pour ne pas vexer notre hôte. Politesse et respect des convenances, voilà les maîtres mots d'une entente cordiale. Mais cela ne suffit pas toujours. Logeant pour une nuit dans un "onsen" (une station thermale à l'eau naturellement chause), je fus convié à porter le "yukata", un kimono confectionné en tissu léger. L'hôtesse m'expliqua en japonais la façon de le revêtir et je fis signe, comme à mon habitude, que j'avais saisi la chose. Après avoir enfilé mon yukata en repliant son pan gauche sous son pan droit, je me présentai à nouveau à la charmante propriétaire des lieux. Son visage prit alors une expression d'horreur et elle me demanda de défaire mon vêtement sans attendre. Le temps d'un nouveau mime, je compris qu'en intervertissant la disposition des pans du yukata, je m'étais vêtu comme on vêt un défunt au Japon... (à suivre)
Nicolas

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